LA FLORE AU MAROC

 

Grâce à sa position géographique et au climat très varié découlant du relief prédominant selon les régions, le Maroc bénéficie d’une flore très diversifiée, car pas moins de 4.500 espèces y sont dénombrées. Vouloir les lister serait une besogne bien laborieuse, mais nous ne citerons que certaines d’entre elles, comme le cèdre de la région d’Azrou - Ifrane au nord, le cèdre berbère ou l’endémique arganier de la région d’Essaouira-Agadir.

 

En fonction du climat qui peut être humide, tempéré, sec ou ensoleillé, en fonction aussi de la qualité du sol prévalent dans les plaines, sur les reliefs montagneux ou dans les zones désertiques, la population a su s’adapter à la nature pour répondre à ses besoins. Ainsi, les grandes plaines de la Chaouia (au sud de Casablanca, avec la Province de Settat), de Doukkala (région d’El Jadida), d’Abda (région de Safi) et du Gharb (Rabat, Kénitra, Meknès), constituent le grenier du Maroc, avec notamment les cultures céréalières. La plantation des arbres fruitiers est plutôt concentrée dans le Gharb (Kénitra, Meknès), le plateau du Saïss (région de Fès), où le climat est mieux approprié pour les agrumes (le citron, l’orange, la mandarine ou l’orange amère), ainsi que pour d’autres fruits comme l’abricot, la pèche, la nectarine, la vigne, la pomme, le poire, etc…L’amandier est planté sur les reliefs des régions tempérées du Rif au nord et de l’Atlas au centre. Plus au sud, on trouvera le figuier, l’olivier, le dattier ou l’arganier.

Quant aux forêts, elles ne couvrent que 15% de la superficie totale, s’étalant sur quelques 2,5 millions d’hectares. Plusieurs types d’arbres y poussent, adaptés à la nature et au climat de la région. Citons à titre d’exemple le chêne-vert, le chêne-liège, le cèdre, le pin, l’eucalyptus, l’acacia, le cèdre berbère, l’alfa, le palmier, l’arganier, etc… Parmi ces familles, nous nous limiterons à citer trois arbres un peu particuliers dans cette flore marocaine : le cèdre de l’Atlas, le cèdre berbère et l’arganier.

 

Le Chêne-liège

Le Chêne-liège

 

Le cèdre de l'Atlas (Cedrus Atlantica) :

Cet arbre se trouve dans les montagnes du Moyen-Atlas, notamment dans les provinces de Khénifra, Azrou, Ifrane et région. La cédraie du Maroc s’étale sur une superficie d’environ 140.000 hectares, constituée par cette variété endémique appelée le cèdre de l’Atlas. Certains spécimens peuvent atteindre une hauteur dépassant les 50 m et avoir une longévité excédant les 1200 ans d’âge. Malheureusement, victime de ses qualités, le bois du cèdre est décimé petit à petit par la demande des menuisiers ou ébénistes, malgré les efforts des défenseurs de la nature pour préserver cette espèce.

Cèdre de l'Atlas
Cèdre de l'Atlas

 

Le cèdre berbère (Tetraclinis articulata) :

 

Largement répandu sur le territoire marocain, il couvre une superficie de quelques 600.000 hectares, intégrant une ceinture verte autour d’Essaouira, se mêlant aux arganiers et aux mimosas. Cet arbre est aussi appelé «Thuya » par la population, ce qui risque de créer une confusion avec son parent, le Thuya de l’Ouest (Thuya occidentalis), qui lui est originaire d’Amérique du Nord et a été exporté à travers l’Atlantique seulement au XVIème siècle.

Appelé communément en arabe « Al Âarâar », son bois fait le bonheur des artisans de la ville d’Essaouira. La marqueterie artisanale, perpétuée depuis plusieurs générations, travaille le thuya qui, habilement combiné avec le bois du citronnier, les coquillages ou les ornements floraux, permet d’obtenir des objets décoratifs ou utilitaires, déclinés sous plusieurs formes. Dans les ateliers artisanaux, plusieurs objets sont exposés, tels que les boîtes à bijoux, les plateaux de cuisine, les instruments de musique comme le luth, les tables de service ou tables de salle à manger, pour le plaisir des clients nationaux et des touristes.

 

 

L'arganier (en berbère Argan, en latin Argania spinosa) :

Dans la flore marocaine, s’il y a un arbre aussi endémique, c’est bien l’arganier. Déjà durant l’ère Tertiaire, il peuplait les vastes espaces du sud marocain. Si dans certaines zones au centre (région de Rabat-Khémisset) et au nord du Maroc (dans les monts de Béni-Snassen), on peut observer encore quelques familles d’arganiers, cet arbre semble mieux évoluer dans la région du Souss, aux abords du littoral, entre Essaouira et Agadir.

 Il fut un temps où les habitants de la région exploitaient à outrance la culture de l’arganier, pratiquement sans réglementation, ce qui aurait pu conduire à sa disparition. Les feuilles de l’arbre étaient dévorées par les chèvres, souvent suspendues sur les branches, suscitant la curiosité des touristes de passage sur les bordures de la route, photographiant ou filmant cette scène exceptionnelle. Le bois de l’arganier, réputé être très dur (appelé aussi bois de fer), servait essentiellement de bois de chauffage dans les foyers. Quant à l’huile d’Argane, on lui attribue plusieurs vertus, scientifiquement reconnues, ce qui entraine une forte demande pour sa consommation alimentaire, mais aussi dans le domaine cosmétique, favorisant ainsi le développement d’un commerce assez lucratif. L’huile d’argane n’est pas utilisée dans la préparation des plats cuisinés, comme l’huile de table ou l’huile d’olive, mais elle est utilisée en tant que dressing dans les salades, ou servie avec le miel dans les petits déjeuners. Un des trois ingrédients du fameux « Amlou » est justement l’huile d’argane qu’on mélange avec le miel et les amandes pilées. Cette mixture est très renommée dans la région d’Essaouira-Agadir.

Fort heureusement, grâce à une prise de conscience nationale, et à l’instigation des défenseurs de la nature, l’arganeraie marocaine bénéficie, depuis 1998, du statut de « réserve de biosphère », octroyé par l’UNESCO, en vue de protéger cette espèce.

Il serait intéressant de reproduire certaines statistiques (source Wikipédia), pour mesurer l’importance de l’enjeu :

 

 

  • Sur une superficie de 830.000 hectares d’arganiers, la production annuelle varie entre 2.500 et 4.000 tonnes ;
  • La densité par hectare atteint 250 arbres dans la région d’Agadir-Essaouira, mais dans la région de Goulmim, elle ne dépasse guère les 40 arbres / hectare ;
  • Une multitude de petites coopératives, souvent familiales, emploient quelques 2.000 personnes, essentiellement des femmes, pour produire l’huile d’argan, selon un processus traditionnel qui remonte à la nuit des temps ;
  • Un arbre peut produire chaque année, entre 10 et 30 kg de fruits ;
  • Pour obtenir un litre d’huile, il faut environ 38 kg de fruits à l’état brut, soit l’équivalent de 2,6 kg d’amandons.

 

 

Partant de ces chiffres, la sauvegarde de ce patrimoine se pose avec acuité. Il conviendrait de sensibiliser davantage toutes les parties concernées pour maitriser les problèmes liés à son exploitation. Il serait opportun d’apporter les solutions adéquates, en vue de sauver cet arbre et développer son exploitation, ce qui aurait sans doute des conséquences très bénéfique pour l’homme.

 

Si le développement de cette région passe, entre autres, par la construction des infrastructures, telles que l’autoroute ou l’extension de l’aéroport international d’Agadir, il serait propice de compenser instantanément la disparition des arbres détruits et procéder à une replantation de cette espèce dans les zones environnantes, afin d’éviter sa disparition à court terme.

Il est donc recommandable, voire impératif, de procéder à une refonte du système d’exploitation de ce patrimoine, d’autant plus que beaucoup d’études menées sur l’arganier lui reconnaissent ses bienfaits pour prévenir les risques cardiovasculaires, ou pour lutter contre les douleurs rhumatismales et articulaires, ou encore diminuer le taux du cholestérol chez les personnes atteintes de cette maladie. Dans le domaine de la cosmétique, l’huile d’argane est aussi utilisée pour lutter contre le dessèchement de la peau, la chutte des cheveux, l’acné, l’infection des boutons de la varicelle, et bien d’autres.

 

Protéger l’arganier, c’est aussi contribuer au développement de l’écosystème du Maroc.

Arganier
Arganier

 

Arganier dans la région d'Agadir
Arganier dans la région d'Agadir
D'autres photos des archives des membres du Cercle tchéco-marocain sont disponibles dans la Section "Galerie".

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Auteur : Hakim Safadi.