Mon séjour au 

Royaume du Maroc

 Auteur: Joel Pokorný

Traduction: Hakim Safadi

 

 

Au Maroc, j'ai travaillé de 1986 à 1991 en tant que géologue au Bureau de Recherches et de Participations Minières (BRPM). Grâce à ma profession, j'ai pu visiter des endroits inconnus des touristes ordinaires, et là j'ai rencontré des gens formidables de la campagne marocaine.

 

  Au sommet de la plus haute montagne du Maroc « Djebal Toubkal »

    

 La ville sainte de Moulay Idriss   

Pendant mon séjour, je suis tombé amoureux de ce pays, et mes collègues qui ont travaillé ici, ont vécu la même expérience. Un de mes parents éloignés a trouvé, au cours de sa vie, un tel passe-temps dans l'environnement local, qu'il est resté vivre à Marrakech jusqu'à sa mort, en s’adonnant à son métier d’artiste-peintre sur verre. Mais même les marocains éprouvent un amour particulier à l’égard de leur pays. Si vous avez lu des romans de l'écrivain français Le Clézio, vous savez de quoi il s’agit. Je peux illustrer cela avec une petite histoire. En escaladant les vestiges rocheux du Haut Atlas, je suis arrivé devant un pré vert où pâturaient un troupeau de moutons, près d'un petit ruisseau. Leur berger s'est adressé à moi et m'a surpris avec son français parfaitement raffiné. Il s’est emparé de deux gros épis de maïs qu’il a rapidement et adroitement rôtis sur une touffe enflammée de plantes sèches, dégageant une odeur parfumée. Il m'a dit qu'il avait travaillé à Paris pendant vingt ans, et que maintenant dans sa vieillesse, il ne pourrait exister sans le paysage de sa jeunesse. Il est donc retourné dans le Haut Atlas, acceptant ainsi de vivre dans un endroit pas trop lucratif, certainement pas confortable, pour être un simple berger de moutons.

 

Les ruines de la ville romaine de Volubilis

Le Royaume du Maroc (Al Mamlaka Al Maghribiya), libéré en tant qu'État indépendant en 1956, est une monarchie constitutionnelle, membre de l'ONU et de la Ligue des Etats Arabes. Le pays compte une population d'un peu plus de 31 millions d'habitants, composée d'Arabes (74%) et de Berbères (25%), ces derniers ne constituant pas un seul groupe ethnique, mais sont représentés par plusieurs groupes linguistiques. Chez mon employeur, j'avais choisi pour le travail sur le terrain, des techniciens berbères qui, en plus des dialectes berbères, parlaient couramment l'arabe et le français. Grâce à eux, j'ai pu communiquer avec les habitants de la campagne montagnarde. Sur le plan de la religion, les Marocains appartiennent principalement au courant sunnite malékite. Pendant mon séjour, c’était feu S.M. le Roi Hassan II qui régnait sur le pays, père de l'actuel Roi S.M. Mohammed VI. Parmi les bons souvenirs que je garde de cette période, c’était lors de la visite du Roi d'Espagne où, debout au milieu d’une foule, j’avais assisté au défilé du convoi des deux hommes d'État, et que S.M. Hassan II nous a adressé de beaux sourires.

Au Maroc, il est agréable de visiter les monuments architecturaux locaux, dont l’ère remonte à l'époque romaine (comme la ville de Volubilis où sont préservées de belles mosaïques sur le sol), jusqu’au célèbre art islamique omniprésent dans les villes de Fès, Meknes et Marrakech. C'est aussi une merveilleuse expérience que de s’introduire dans l’atmosphère bouillonnante des anciens marchés, pour choisir des marchandises et négocier les prix. L'appareil officiel du pays fonctionne à la perfection, que ce soit les banques, les autorités municipales, la police, l'approvisionnement en eau, etc.

 

                           

        L‘auteur de cet article dans la compilation d'une carte géochimique          Sommet de la montagne Djebel Sirwa, région des néo volcaniques

 

Mais intéressons-nous d’abord un peu à la géologie, en espérant que cela ne découragerait pas trop les lecteurs. Ici, ma mission consistait à faire de la recherche géochimique régionale, en tant qu’étape dans la prospection du minerai. A titre d’information, un tel travail avait déjà été effectué au Maroc, et avait servi à sélectionner la prospection de la prochaine étape. J'ai légèrement modifié le détail la méthodologie utilisée pour la surveillance géochimique de la teneur en métaux dans les sédiments des cours d'eau. Ce n'est pas le sédiment entier qui a été analysé chimiquement, mais seulement ses concentrés de minéraux lourds obtenus par le tamisage.

Egalement, l'or a été minutieusement recherché parmi les métaux analysés. Ainsi, de vastes espaces de perspective ont été considérablement réduits pour mener des travaux géologiques plus approfondis.

Le Maroc est situé à la frontière nord des plaques lithosphériques africaine et eurasienne, dont la frontière s'étend d'Est en Ouest à travers le détroit de Gibraltar. L'activité autour de cette frontière a contribué de manière significative, grâce à sa constitution géodynamique et sa portée, à la création des principales unités structurelles du Maroc. On distingue ici, partant du Sud au Nord, trois zones géologiques régionales :

a)   Zone Anti-Atlas et saharienne :

Elle est affectée par l'orogenèse précambrienne et variscaine. Au Sud, elle est limitée par le bouclier ouest-africain, et au Nord par la faille de l'Atlantique Sud. Il s'agit d'un complexe protérozoïque dans lequel les entités suivantes peuvent être distinguées :

●La partie nord de la crête archaïque de Reguibati (Sahara occidental), vieille de 2.800 millions d'années, represente la plus ancienne unité du Maroc, constituée par l'orogenèse d'Eburn, il y a 2.200 millions d'années.

Au Nord de ce bouclier d'Eburn se trouve la partie mobile de la crête panafricaine, datant de l'âge protérozoïque supérieur. Au Sud, cette partie se décline en plate-forme et au Nord, elle comprend un bassin océanique marqué par la paléo-suture ophiolite Bou Azzer. Au Nord-Est de cette jonction, s'est développé un vieil arc volcanique, comprenant des intrusions plutoniques de caractère calcium-alcalin, en relation avec la subduction panafricaine. Cette unité a été structurée par l’orogenèse panafricaine. L'Acte thermo-tectonique panafricain s’est développé durant 700 à 600 millions d'années.

Ces formations protérozoïques se sont transformées de façon hétérogène, avec des séries d'âge allant de l'infracambrien au Carbonifère, ridées à même le sous-sol par l'orogenèse hercynienne. Ces formations sont les mieux développées, et donc clairement visibles dans la partie Ouest de l’Anti-Atlas.


b) Zone de l'Atlas et Mesetas marocaines (Atlas présahariens):

C’est une zone intracontinentale, ridée, décalée et hétérogène, dans laquelle plusieurs niveaux de profondeur se sont accolés.

●Le substrat rocheux du Paléozoïque de la meseta d'âge allant du Cambrien au Carbonifère, s’est formé principalement par des séries sédimentaires, avec une intense activité volcanique bimodale d'âge suspendu. Ce socle est structuré par l’orogenèse hercynienne, durant laquelle se sont introduites des particules granitoïdes.

●La couverture se compose principalement de complexes carbonatés, d'âge mésozoïque à cénozoïque, répartis en deux unités structurales..

 

                      Au mois d'Août, sous le sommet de la plus haute montagne du Maroc (Djebel Toubkal, 4.165 m)

 

● La zone du Haut et Moyen-Atlas, ravinée par les premières tectoniques alpines, qui caractérise principalement l’entassement des complexes carbonatés du Mésozoïque inférieur, remplissant la zone des rifts. Au Maroc, cette zone atteint des altitudes voisinant les 4.000 m, mais en Tunisie vers le N-E, ces altitudes diminuent progressivement.

 La couverture de la plate-forme de l'Atlas central, qui est karstique sur des planches et dans la zone culminante de l'Est du Maroc. Il est captivant de constater le néo-volcanisme trachytique-phonolithique dans la région de Sirwa, datant de l'âge allant du Miocène au Pliocène, ce qui présente un aspect intéressant dans la région.

Le caractère principal du développement de cette formation se distingue par la désintégration du supercontinent Pangea et l'ouverture des failles qui en résultent vers l'océan Atlantique. L'étape des rifts a commencé au Trias moyen et postérieur, et s'est manifestée par la pénétration de l'eau de l'océan Téthys dans les rifts et la formation ultérieure de grands bassins d'évaporite. Le point culminant était un volcanisme basaltique à court terme, mais massif (environ 200 Milions d'années).

Le développement du rift était asymétrique : la cavité occidentale s’est affaissée vers la région de la Nouvelle-Écosse (plaque inférieure) et, inversement, le bras marocain a été soulevé (plaque supérieure). Cela a conduit à la réduction du Mésozoïque dans l'Ouest du Maroc et à une découverte plus profonde des complexes paléozoïques et précambriens.


c) Zone des rifts:

Constituée par le noyau du Paléozoïque cristallin, autour duquel les formations de carbonate et d'ardoise-grès du Mésozoïque et du Tertiaire, sont distribuées concentriquement. La zone est formée par le principal pli alpin.

● Le développement géologique du Maroc s'est accompagné d’une formation de minéraux. Aujourd'hui, on exploite principalement des gisements de phosphates, mais aussi du charbon noir, du minerai de fer, du manganèse, de l'antimoine, du cobalt. Les phosphates constituent une part essentielle des exportations, soit comme matière première, soit comme engrais transformé. Les réserves de matières premières sont probablement les plus importantes au monde. On les trouve dans les sédiments marins du Crétacé supérieur jusqu'au début du Tertiaire (60–45 millions d'années) sous forme d'accumulation de restes squelettiques d'animaux marins dans l'environnement peu profond du plateau. Au cours de la période de mon travail au Maroc, les mines d'argent étaient toujours en activité, notamment celles d’Imiter et Zgounder, qui sont aujourd'hui probablement abandonnées faute de réserves économiques de minerai. Le gisement Imiter a laissé une exploration durable dans la minéralogie systématique par la découverte d'un minéral jusqu'alors inconnu, avec la composition chimique Ag₂HgS₂, dénommé d'après le gisement d'imiterite.

 

 

 Notre travail : recherche par tamisage des minéraux lourds

Les minéraux et les fossiles sont largement collectés dans le pays, et les vendeurs de minéraux ont leurs étalages ou boutiques le long des routes principales, où se déplacent principalement les touristes. Il n’est pas rare que des vendeurs proposent des faux fossiles fabriqués artificiellement ou des minéraux embellis de couleurs vives.

 

 Vendeur de minéraux sur le bas-côté de la route dans le Haut Atlas

 

Sur le terrain, nous avons effectué des travaux géologiques sous forme de missions étalées sur deux à trois semaines. Nous avons toujours trouvé un logement dans la zone étudiée, afin que les déplacements quotidiens soient aussi courts que possible.

 

 

 Une scène d'un marché régional où on peut tout acheter pour la nourriture, ainsi que des produits industriels

 

 

C'était souvent facile, car les habitants nous ont aidés en louant leurs maisons, même s’il fallait parfois déplacer tout le monde pour une courte période, peut-être même chez des parents. Le loyer que nous avons réglé pour le logement, représentait certainement un revenu appréciable pour les habitants locaux. Une fois dans un village, ils nous ont proposé un logement dans une nouvelle école non fréquentée par les écoliers, nous disant qu’il suffisait aux élèves de se rendre à la mosquée. Un an plus tard, nous avions effectué des travaux de révision géologique sur le même site, mais nous avons constaté que l'école était en pleine activité. Il s'est avéré que seuls les élèves ayant fréquenté cette école primaire, pouvaient poursuivre leur scolarité dans un établissement secondaire.

Moyen Atlas : derniers spécimens d’une forêt de cèdres 

 

À chaque fois que nous nous déplacions dans une nouvelle région, nous nous présentions au bureau de l’administration régionale, ainsi que chez le Caïd, pour l’informer sur l’objet de notre mission, en lui indiquant le lieu de notre résidence. Dès notre arrivée, mes techniciens se chargeaient d’embaucher rapidement des ouvriers en fonction de nos besoins, qui dans la plupart des cas ont travaillé avec diligence et respectaient nos instructions. Parfois, nous avions besoin d'un mulet pour transporter des échantillons vers le site de tamisage. Il est intéressant de signaler que la location quotidienne du mulet équivalait au salaire journalier d’un ouvrier engagé. Nous devions également nous organiser pour nos besoins quotidiens en pain. Pour ce faire, nous achetions au marché un sac de farine que nous confions à une femme du village pour préparer le pain, moyennant une petite rétribution. Le problème que nous avions c’était de trouver de l'eau potable. Bien sûr, il était possible d'acheter dans des boutiques et au marché de l'eau en bouteille de qualité, comme Sidi Harazem, mais c’était seulement pour quelques jours, avant de trouver une source sûre d’eau potable. Pour nous approvisionner en nourriture, nous nous rendions dans le souk hebdomadaire de la région, pour acheter des légumes frais, des fruits et de la viande. Le plus difficile était d’acheter la viande. Aux premières heures de la matinée, c’était plutôt de la viande moins fraiche qui était proposée sur l’étalage du boucher. La viande fraîche n'était disponible que plus tard, car les animaux nouvellement abattus devaient attendre le passage du vétérinaire pour inspecter la qualité de la viande. J’ai consommé toutes sortes de viandes, y compris celle du chameau, mais j’ai trouvé que l'agneau était toujours le plus délicieux. Une fois, lors d'une visite chez les Bédouins, j'avais également mangé une sorte de lézard du désert à la sauce aux oignons. C'était génial, mais seulement exceptionnel. Etant donné que nous n’avions pas de réfrigérateur à notre disposition, il fallait étaler la viande en plein air et la saupoudrer abondamment avec du sel, évitant ainsi que les mouches ne s'y déposent, et pouvoir la conserver pendant plusieurs jours. J'ai aussi essayé de manger avec mes techniciens et le chauffeur du véhicule, mais ils cuisinaient le même plat tous les jours. Ainsi, j'ai donc tout cuisiné moi-même et préparé mes plats de façon très variée. De même, j'ai pu réussir la préparation du tajine marocain avec une saveur raffinée.

 

Battage du grain à Tizgui (Haut Atlas)

 

Il convient également de mentionner mes activités médicales. M. le docteur est venu dans le village, alors laissez-le guérir les patients. Personne ne remarquera qu'un tel médecin ne serait là que pour des pierres. J'avais donc toujours emporté avec moi une trousse de premiers soins, bien garnie, et distribuais des médicaments principalement contre la toux, le rhume et la diarrhée. Pour un vieil homme souffrant d'un vilain eczéma sur la jambe, j'ai pu acheter en pharmacie trois boites d’une excellente pommade, car heureusement, il avait conservé une dernière boîte vide, prescrite par son médecin. En récompense, il m’a offert un kilo de miel que j’ai trouvé excellent. Bien sûr, si quelqu'un avait une maladie ou une blessure grave, je l'envoyais en consultation au service médical. Un jour j'ai été appelé pour porter secours à une jeune femme qui avait été blessée par un mulet, provoquant une plaie hémorragique ouverte au visage à la base de son nez. J'ai immédiatement proposé ma voiture pour la transporter à l'hôpital, se trouvant à environ 70 km. Mais la mère de la femme blessée m'a dit par l'intermédiaire de mes interprètes que cela n'était pas possible, car le transport vers l'hôpital devait d’abord être autorisé par son mari, qui était chauffeur de camion, en voyage pour son travail. J'ai fait ce que j'ai pu, c'est-à-dire arrêter le saignement et désinfecter la plaie. J'ai donné le traitement par le biais de la vieille maman, à qui j’ai expliqué ce qu’il fallait faire, pour ne pas toucher la femme blessée.

 

 

                                  

                                     Ramasseurs de criquets (couleur jaune), en complément de nourriture.

 

 

Dans la zone Sud en aval du Draa, près du village d'Aouïnet Aït Ussa, j'ai vécu quelque chose qui arrive rarement aux visiteurs du pays : une invasion par un énorme essaim de criquets migrateurs. En quelques heures, il s’est répandu sur une superficie d'environ 10 x 4 km, et détruit tout ce qui était vert. De petits champs d'orge, déjà en croissance, ont disparu dans la mâchoire des insectes antipathiques. La population a récolté des criquets pour les consommer. Avant l'arrivée de l'avion avec les insecticides, les criquets ont pu déjà s'accoupler et chaque femelle a pondu une centaine d'œufs en forme de bâtonnets déposés sur une surface molle du sol, ce qui les a protégés des pulvérisations aériennes de la région, permettant ainsi aux nymphes des futurs individus volants, leur éclosion en toute sécurité.

Un peu plus dramatique était ma mésaventure lorsque j’avais traversé un chemin inconnu. Alors que je marchais lentement en cherchant notre emplacement sur la carte, je n’avais pas prêté attention à ce qui se passait autour de moi, et d’un coup, je me suis aperçu qu'un cobra s'est mis en position d'attaque sur le bas-côté du chemin. Heureusement, mon technicien Madani, qui marchait juste derrière moi, l’a vu et lui a tranché la tête avec une pelle. Le serpent crachait son poison jusqu'au dernier souffle. Grâce à cet incident, j'ai acquis une expérience précieuse pour mes déplacements sur le terrain.

 

                             

                 La mosquée moderne Hassan II à Casablanca                      Tashakušt, tissage du tapis

 

                                                                                                                          

Le Maroc a une prédominance d’un climat semi-aride, et seuls certains des plus grands ruisseaux, ont une eau constante toute l'année. Les lits des rivières ont tendance à se transformer en oueds occasionnels. Des pluies torrentielles soudaines, éventuellement exacerbées par la fonte des neiges dans les hautes montagnes, provoquent des inondations dangereuses et transportent des rochers incroyablement grands. Une fois, alors que je travaillais dans une paroi rocheuse au-dessus d'un cours d'eau sec, j'ai été frappé par un son étrange et inconnu, dont j’ai eu immédiatement l’explication : il s’agissait d’un front d'eau boueuse qui traversait, dans une zone éloignée, un lit d’une rivière asséchée suite à une pluie torrentielle. Je suis rapidement descendu des rochers et j'ai sauté d'un pied sec vers l'autre rive pour me rendre au village où nous habitions. Le flux d'eau boueuse, apportant beaucoup de restes de plantes (herbes sèches, bâtons et morceaux de bois), se déplaçait relativement lentement, car il devait remplir les affaissements du fond et de l'étang. J'ai connu la pire inondation de ce type dans la ville de Mellab, dans l'Est de l'Anti-Atlas. Là, au milieu de la nuit, l'eau qui avait soudainement augmenté d'environ 5 m, a traversé le lit de la rivière et a balayé le pont bas, emportant tout ce qui se trouvait sur son chemin. Seul un petit bunker en béton, qui abritait une pompe à eau, avait résisté à cette force. À minuit, nous avions entendu des cris dans l'obscurité sur la rive opposée, complètement inaccessible à ce moment. Le matin, nous avons appris qu’une mère se trouvait là avec ses enfants en bas âge, et lorsqu’elle a senti le danger, elle les a réveillés et s'est enfuie avec eux jusqu'à la crête la plus proche, sauvant ainsi ses petits. En deux jours, l'eau a de nouveau disparu, laissant de puissantes alluvions de boue et de sable.

 

 

                                  

                                                                                Ouarzazate, Palais Glaoui

 

                       

La vie dans les montagnes marocaines est beaucoup plus facile que dans les villes. Chaque village là-bas est essentiellement autosuffisant, en se nourrissant avec les semences des petites parcelles de terre, en utilisant de l'énergie provenant de restes de plantes sèches brûlées, et consommant le lait et la viande d'animaux domestiques. Souvent, ils n'ont même pas d'électricité. En cas de catastrophe mondiale, les habitants auraient les meilleures chances de survie. Cette chance a, en contrepartie, une vie modeste et heureuse des habitants locaux.

                                                                         

                                                                                                                                                                                                                                                          ČMSPS – 25. 05. 2020