A propos de l’évolution
de la tribu humaine
Auteur : Zuzka Zábrodská- Zvěřinová
Traduction : Hakim Safadi
Actuellement, on a beaucoup écrit sur la menace de l'Islam, sur celle des immigrés arabes, sur la façon dont nous et notre culture sommes ébranlés ... Je ressens une vague de peur et de haine nous envahir, mais sans aucun fondement basé sur un vécu personnel, ni une connaissance réelle de la problématique en question. Cela m’a attristée et je suis allée me réfugier dans la forêt, pour me rafraîchir un peu la tête et le cœur, à travers l'atmosphère chaleureuse de notre belle et sage flore. Je marche presque tous les jours dans la forêt, car c'est mon temple où je peux à la fois me détendre et me concentrer pleinement. Souvent j’y trouve inspiration pour mon activité créatrice et découvre différentes paraboles. C’est là aussi que je parle à Dieu. Il me parle gentiment et patiemment, me donnant de l'espace nécessaire et une grande liberté, avec autant de responsabilité. Il m'apprend à voir le monde dans son contexte et son interdépendance. Il m'enseigne l'amour inconditionnel et comment reconnaître sagement quand faut-il se battre, et quand faut-il adopter l’attitude d’un observateur conscient. Il me donne l'opportunité de ressentir ce que j'éprouve sous différents angles de vue, ce qui m'aide à élargir le niveau de conscience avec lequel je perçois le monde autour de moi ...
Les lignes suivantes sont l’expression un tel point de vue, celui de l’histoire des troncs d'arbres humains.
… Peu importe que la violence humaine soit commise en tant que crime organisé, ou en tant que manifestation spontanée d'individus. Elle nous donne toujours l'occasion d’apprendre et de voir comment notre esprit et notre monde fonctionnent, comprendre pourquoi est-ce arrivé, et d'en tirer des leçons, afin que nous n'ayons pas à poiroter en permanence dans un cercle vicieux. Tout est relation de cause à effet, et tout est connecté et bien relié à l’Origine des faits.
Souvent, les gens appliquent ce théorème sous forme de récompenses ou de punitions. Nous cherchons le coupable pour le punir et essayons d’annihiler le mal jusqu’au fond de ses racines, mais ce n'est pas toujours facile, parce que nous sommes tous concernés. Chaque agresseur est en quelque sorte victime de quelque chose, et ainsi nous pouvons blâmer indéfiniment jusqu'à l’origine de la création du mal. La culpabilité est comme un fardeau, comme si c'était quelque chose de mauvais, comme une erreur dont nous étions responsables, et que nous désespérons, parce que nous ne comprenons pas, ni ne savons comment c'est arrivé, ou alors nous ne savions pas comment agir correctement pour que quelqu’un nous fasse des compliments. Personnellement, je pense que la culpabilité est un concept qui résulte de l'ignorance. Là où il y a conscience, la culpabilité se transforme en responsabilité et en acceptation consciente de ma part de responsabilité pour ma vie. Je perçois donc la culpabilité comme une émotion négative qui lie les mains des gens, contrairement à l’assentiment de la responsabilité que je considère comme un pas important de la liberté humaine.
Les émotions sont puissantes. En effet, lorsque plusieurs personnes se mettent à réfléchir d'une certaine manière pendant longtemps, et vont par exemple, avoir le sentiment de la peur ou la colère, cela va impacter leurs paroles, leurs actes, jusqu’à même affecter la santé de l'individu, voire de toute la société, et puis "quelque chose de grand" pourrait voir le jour. Les événements sont comme les champignons, le mycélium peut être étendu, mais il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Comme vous le savez, un champignon n'est généralement jamais seul ..., car le mycélium aime bien se répandre, mais seulement là où il trouve un sol fertile.
Tout ce que nous vivons au présent, et tout ce que nous vivrons dans l’avenir, prend d'abord naissance dans la pensée, que ce soit consciemment ou inconsciemment. Rien n'est coïncidence. Si je veux vivre dans un monde meilleur, ou même si je désire initier un changement mineur dans ma vie personnelle, je dois préalablement adapter un changement correspondant à la façon de vivre cette expérience (c'est l'émotion), mais aussi modifier la perception des choses (ce sont les compétences d'observation). Cela dépend de l'endroit où vous orientez votre attention et ce que vous y ressentez ... Il ne faut pas pour autant cloîtrer tout ce qui est désagréable quelque part au plus profond de vous-même. Bien au contraire, il faudrait libérer de votre « moi » toutes ces parties pour qu’elles se réalisent. Expérimentez-les, comprenez-les et changez ainsi la proportion d'impulsions inconscientes dans votre perception et votre comportement.
Eh bien, nous sommes partis d'un point et sommes arrivés à un autre, alors pourquoi devrais-je m'en préoccuper, n'est-ce pas ? Mais pourquoi devrais-je alors prendre soin de l'autre, pourquoi devrais-je avoir un tel stress, une telle peur, une telle précipitation, pour savoir qui sera le premier. Seulement voilà, le sens de notre vie réside dans la vie elle-même, et pas seulement dans son niveau de ciblage, car nous sommes tous connectés à elle. Quand quelqu’un tombe, les autres l’aident à se relever, mais quand tout le monde tombe, un individu ne pourra pas survivre tout seul. Notre chemin est à l’image d’un arbre, sur lequel nous sommes nombreux à partager différentes parties de la couronne, mais où parfois nous sommes tellement éloignés les uns des autres que nous ne pouvons pas nous voir réciproquement. Certaines parties de la couronne ont plus de soleil, alors que d’autres sont plus exposées au nord, d’autres sont plongées dans l’ombre, tandis que d’autres ont peu de place. Ainsi, il arrive parfois que certaines personnes ne comprennent pas les décisions des autres, parce qu'elles ont grandi avec d'autres angles de vue. Et parfois, il y a naissance d’un tel état d'inconscience (obscurité de l'esprit, de peur, de refus d'accepter la responsabilité, et donc une incapacité de prendre conscience des racines communes et du tronc), pour créer un espace pour les parasites ou différents organismes. Ces derniers vont se dire : « tiens, il y a quelqu’un qui n’est pas content de ce qu’il a, et là quelqu’un qui n’éprouve aucun sentiment pour cette branche, (c’est plutôt un sentiment de rejet, de peur, d'agression, etc.) et ainsi, je peux donc prendre cette branche pour satisfaire mes propres besoins». Lorsque c’est le cas de quelques branches seulement qui sont attaquées, l'arbre survit et est même capable de s'adapter et continuer à fonctionner même avec des parasites. Mais alors, où se trouve cette limite, est-ce lorsque l'arbre cessera de ressembler à un arbre et deviendra un simple bois dévasté, ou un vulgaire bosquet sec ? La société des gens est un organisme vivant, où il est difficile, presque impossible de déterminer, à partir d'une seule feuille, quelle branche faut-il couper, parce qu'elle a l'air malade, ou s'il vaut mieux attendre et laisser faire jusqu’à ce qu’elle tombe toute seule.
Je pense que nos chances sont dans notre conscience. Elles sont dans l’expérience véritable de ses propres émotions et dans la prise de conscience de leurs causes et conséquences. Elles ne sont point dans la lutte contre les destructeurs ou contre ceux qui ont provoqué l'attaque. Nous ne sommes pas parfaits. Peut-être pourrais-je inonder la sécheresse, mais ne pas échapper au vent fort qui fait osciller les grands arbres. Cependant, nous sommes capables de marquer un temps d’arrêt pour ressentir la vie palpitante de nos brindilles et réaliser, en fin de compte, que nous sommes tous issus d'une même tribu,et que nous puisons des nutriments provenant des mêmes racines. Concentrons-nous sur tout ce qui nous relie, afin que nous ne finissions pas comme des allumettes séparées, soigneusement taillées et parfaitement propres, avec une tête flamboyante - bonnes pour une seule utilisation.
ČMSPS - 19. 04. 2018