Souvenirs du Maroc

             de 1971 à 1998     

                                                                                                                           Auteur : doc. Jaroslav Skácel 

                                                                                                                                Traduction: Hakim Safadi                                                                                                                                                                                                          

 

À la fin du printemps 1968, Dr. Ladislav Kuta m’a appelé un jour de Brno, m’affirmant qu'il avait pour moi une « bonne affaire » qui me conviendrait à point. Il revenait d'un voyage autour du monde, à la recherche d’opportunités pour nos spécialistes, en particulier les géophysiciens, dans le domaine de l'exploration des gisements. À la demande de l'organisme d'exploration B.R.P.M. - Rabat (Bureau de Recherches et de Participations Minières) au Maroc, il a recommandé à la Direction, le géophysicien Ing. Sláv Chudáček, et moi-même en tant que géologue - prospecteur de gisements. Il m’a incité à prendre ma décision à ce sujet, car le Directeur du B.R.P.M., M. Bouchta (Bouchta, signifie Seigneur ou Père de la Pluie) sera à Prague au mois d’août, pour assister au « MGK » (Congrès International de Géologie).

Après concertation avec ma famille, j'ai accepté l'offre, mais la rencontre avec mon futur Directeur, envisagée pour le 21 août 1968, n’a pas eu lieu, et ce pour des raisons évidentes liées à cette date. Il a donc fallu attendre 3 ans avant que le voyage au Maroc ne devienne réalité.

Arrivé au Maroc le 17 juin 1971, et sans aucune acclimatation, j'étais déjà en route le 21 juin vers mes futurs sites dans l'Anti- Atlas, que m’a affectés le géologue yougoslave Strašimír Smeykal.

En comparaison avec les activités que j’exerçais auparavant dans l’usine ČMRP à Rýmařov, je considère que mon travail avec le B.R.P.M. marocain, fondé par les Français en 1928, m’a permis de vivre une période des plus belles de ma vie, et certes une période plus fructueuse en rapport avec mon activité professionnelle. Enfin de compte, je peux dire que pendant les cinq séjours passés au Maroc, entre les années 1971- 1991, plutôt 1998, j’ai vécu dans ce pays pendant 10 ans.

Au début, j'étais responsable de la recherche, de la projection, du suivi et de l'évaluation de l'exploration des gisements d'argent (à Zgounder et Imiter), puis des minerais de cuivre (à Tirzzit, Tiferki et Tazalaght), et plus tard aussi des métaux précieux. J'ai commencé ma mission dans l'Anti-Atlas occidental, puis j’ai continué dans l'Anti-Atlas oriental, dans la zone marocaine et oranaise, et enfin dans le Haut et Moyen-Atlas dans le Maroc Oriental. J'ai appris à connaître ce merveilleux pays, tellement magnifique et exotique à tous les égards, et j'en ai tiré les meilleures impressions et expériences. J'ai laissé derrière moi 75 rapports en français, puis des projets, ou encore les rapports finaux d'inventaire sur 3 des gisements du secteur minier dans lesquels j'avais travaillé (Zgounder, Imiter, Tazalaght).

L'organisation et la flexibilité du travail étaient excellentes, et nous n’avons rencontré aucun secret ni dans les projets, ni dans les résultats ou dans les cartes géographiques. Les liaisons radio étaient assurées en permanence avec les sites de travail éloignés. Des résultats chimiques fiables, des analyses de petites séries fournies dans un délai de trois jours, des procédures approfondies de travaux d'extraction et de forage, une disponibilité de stock de pièces détachées, pas de suspension des travaux grâce à des équipements satisfaisants pour le transport, c’est dire autant de pratiques courantes chez le B.R.P.M. Le Français demeure la langue de travail.

J'ai également assisté à des conférences et symposiums internationaux à Rabat. Moi-même, j’avais animé un de mes séminaires se rapportant à la Journée du cuivre, en avril 1982.

Une tâche parallèle à mon activité d'expert était aussi la formation de jeunes cadres nationaux dans les méthodes d'exploration, à différents stades et sur différents terrains, avec évaluation des résultats.

Au Maroc, j'ai eu la chance d'avoir de bons chefs instruits. Dans les premières années, Rabah Bouchta, un peu plus jeune que moi, appartenait à la première génération de géologues nationaux marocains, initialement concentré sur l’exploration des roches sédimentaires (caustobiolites) Pendant les premiers mois, il ne cessait de me dire comment je travaillais. Ensuite, j'ai gagné sa pleine confiance et son soutien. Il m'a également confié l'accompagnement des invités étrangers du B.R.P.M. à travers le Maroc et m'a permis de contacter des géologues qui venaient travailler au Maroc, comme entre autres, G. Choubert, P. Routhier, H. Pélissonnier.

En 1982, Rabah Bouchta s'est vu confier le poste de directeur technique de la nouvelle organisation pétrolière ONAREP. Son successeur Bachir Barodi, un peu plus jeune, à l’origine technologue et expert, a été nommé chef de la division géologique du B.R.P.M. Il était un peu fougueux, mais très compétent et compréhensif. Les deux experts ont instauré des réunions plutôt nécessaires qui, contrairement aux nôtres, étaient plus courtes, mais factuelles. La relation avec ces deux patrons était plus amicale qu’hiérarchique.

Il est à noter que mes impressions et expériences au Maroc ont été plus amplement décrites dans mon livre intitulé «Le Maroc à travers les yeux d'un géologue», publié en 2013 par la maison d'édition «Rula» sur Rejvíz.

 

 

 

 

 

                                
Tazalaght dans l'Anti Atlas occidental. Les outils en pierre témoignent de l'extraction et du compactage anciens des minerais de cuivre. Ici, un mortier en pierre pour broyer le minerai avant de le charger dans un four métallurgique. Un tas de scories de plus de 40 000 mᵌ, environ 64 000 tonnes, prouve la tradition séculaire de la production du cuivre à Tazalaght                 

 

                     

   Sidi Flah, une fosse d'exploration avec un horizon de galerie à une profondeur de 50 m, a vérifié le développement profond des structures de minerai.

Photo en 1984 avec Mgr. Milos Lomoz et un géologue marocain

 

                    

Paysage romantique près du gisement de cuivre Tiferki dans l'Anti-Atlas occidental. La montagne colonnaire à l'horizon est "Addad" ("Doigt") formée par des conglomérats du Précambrien supérieur, 1973.

                                                                      Photo J. Skacel

 

 

 

 

                                                                     

ČMSPS - 14.12.2019