François Permingeat

 

 Auteur: Zdeněk Táborský

 Traduction : Hakim Safadi

 

Le Professeur François Permingeat, Assistant de Recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Vice-Président de la Société Française de Minéralogie, était le seul scientifique français qui a eu l'honneur d'être membre de la Société américaine de minéralogie (American Mineralogical Society).

Né le 17 décembre 1917 à Chabrillan, dans le département du Drôme, il est décédé à Millau après une brève maladie, le14 Juin 1988, pendant une excursion de minéralogie à laquelle il avait participé activement.

Ses études à l'Université des Mines de Saint-Etienne ont été couronnées par un diplôme à la veille de la guerre en 1939, avec le titre d'ingénieur. Après obtention du diplôme, il fut immédiatement engagé dans l’armée pour participer à la guerre, puis a été blessé en 1940 dans les combats des Ardennes.

Après sa guérison, il est retourné à la vie civile et a  travaillé à la tête de la Commission géologique du Maroc, où le professeur Henri Termier lui a offert la possibilité d’accéder au département des ressources minérales. Cependant, il n'a pas passé beaucoup de temps dans ce département. Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il fut de nouveau mobilisé en novembre 1942. En tant qu'officier, il a participé aux combats en Italie, en France, au Rhin et au Danube, ce qui lui a valu la Croix de guerre, puis la nomination de Chevalier d'honneur de la Légion française.

En Janvier 1946, il a de nouveau intégré la Commission géologique du Maroc, où il a travaillé pendant 12 ans. Parallèlement à son travail au sein de la Commission, il enseignait en tant que professeur de minéralogie à l'Université des Mines de Rabat. A cette époque, ses publications étaient principalement liées à la géologie minière. Il avait un rôle de premier plan dans la publication de la Géologie des gisements minéraux au Maroc, étude publiée en 1952, à l'occasion du Congrès international de géologie à Alger. Le doctorat lui a été décerné en 1958, suite à la soutenance de sa thèse sur les gisements Mo-W-Cu d’Azegour au Maroc.

De 1958 à 1967, il a travaillé dans le BRGM (Bureau des Recherches Géologiques et Minières), ce qui correspond à la Commission géologique française, et en 1967 il rejoint le CNRS en tant que Directeur de Recherches, pour travailler au Laboratoire de Minéralogie et Cristallographie de Toulouse, et parallèlement il était Professeur à l'Université Paul Sabatier de Toulouse. Il a contribué de manière significative à la création de la Commission des Minéraux et appellations des Minéraux (CNMMN) de l’Association Internationale des Minéraux (International Mineral Association « IMA »).

Il est l'auteur de plus de 200 publications. François Permingeat a également décrit toute une variété de nouveaux minéraux, tels que le marokit, le gaudefroyite, l'henritermierite et la jouravskite. En son honneur, Johan, Picot, Pierrot et Kvaček ont décrit le minéral Permingeatite, Cu3SbSe4, provenant du gisement d'uranium de Prebones.

J'ai eu la chance et l'honneur de rencontrer, en personne, le professeur Permingeat à plusieurs reprises. Le professeur n'a jamais caché son amitié pour la Tchécoslovaquie. Il était toujours amusé quand il fallait citer le nom d’un minérai en tchèque, parce qu'il était incapable de prononcer par exemple le nom de Předbořice – qui comporte deux fois la lettre " ř ". Il m’a aussi expliqué le mystère pourquoi en France on appelait, depuis longtemps, les plaques d’immatriculation des voitures : «plaques minéralogiques ». Rappelons qu'au début du XXème  siècle, quand Paris a connu un développement fantastique de l'industrie automobile, il était devenu nécessaire d'enregistrer les voitures d’une certaine manière. Il y a lieu de signaler que le Ministre de l'Intérieur de l'époque, était un ami du Directeur des collections minéralogiques de la Sorbonne et appréciait beaucoup le catalogue des collections minéralogiques de l’université. C’est la raison pour laquelle il a confié au Laboratoire de minéralogie, le catalogage des voitures, à l’aide de plaques, communément appelées « plaques minéralogiques ». De nos jours, ce terme est peu utilisé et a souvent été remplacé par « plaques d'immatriculation», mais aucun de mes amis français, à l'exception du professeur, n’en connaissait l’origine.

 ČMSPS - 07.03.2018